December 08, 2004

Travellin' Man


Certaines musiques s’écoutent mieux la tête posée contre la vitre d’un train filant à grande vitesse. D’autres ne valent que par le paysage dévoilé le long d’une route nationale, lorsqu’il devient urgent d’échapper, au moins en esprit, au confinement de la Clio de Robert.

Ces instrumentaux n’ont d’autres points communs que de suggérer ces grands espaces, ces avancées le long d’artères enfermantes et le déploiement, à la périphérie, d’une liberté fuyante et soudainement inatteignable.


Bevel – Exitrace [Offline]

Bevel est le projet solo de Via Nuon, guitariste des Drunk de Chicago et probablement le cambodgien qui maîtrise le mieux les arcanes de la musique folk traditionnelle américaine. Exitrace est tiré de son deuxième album, joliment intitulé "Where The Leaves Block The Sun", où il semble s’échapper hors du temps et plonger dans un roman de Jim Harrisson, aidé d’un violon qui nous rappelle les choses enfuies.

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Gustavo Santaolalla – Apertura [Offline]

Le senor Gustavo est une célébrité argentine des années 70 qui a profité de l’engouement latino déferlant sur les Etats-Unis pour y faire une seconde carrière dans les années 90. Alors que les productions de cette période, notamment l’album "Gas" paru en 1995, ne présentent, à mon sens, pas grand intérêt, il s’est recyclé avec succès dans la production et surtout dans la composition de bande-son. Il y abandonne ses recettes habituelles et se permet des envolées beaucoup plus calmes et contemplatives. Outre sa participation au "25 Grams", c’est à lui qu’il a été fait appel pour illustrer le "Carnets de Voyage" de Walter Salles. Il y propose un mélange de sonorités traditionnelles et de guitares rocks, une orchestration accidentée qui souligne efficacement le caractère presqu’épique (ou pas-encore-épique) de la chevauchée de celui qui deviendra le Che.

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Aim – Linctus [Offline]

Changeons de registre. Un beat aussi métronomique qu’une succession de poteaux électriques sur le bas côté de la route. Aim, prolifique et albionesque producteur de hip-hop électronique et abstrait, tisse, entre cordes et cuivres, une ambiance crépusculaire. Le décor est lunaire et glacial, lacéré de brumes blanchâtres. Au chaud, de la banquette arrière, on a l’impression que c’est le monde lui-même qui s’éloigne et que bientôt l'on sera perdu quelque part dans cet "Hinterland".

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Ce sont les pièces instrumentales composées par Angelo Badalamenti pour "The Straight Story" de David Lynch qui m’ont donné l’idée de ce post. Que ceux d’entre vous qui ont la chance de ne pas connaître ces merveilles se précipitent dessus.

1 comment:

Paul Irish said...

Gustavo and Aim in ONE post!?!!?
This is amazing stuff. Solid picks.