March 02, 2005

Radical Jewish Culture

John Zorn a le mérite de produire sur son label Tzadik nombre de merveilles qui n’auraient vu le jour sans lui, catalogue à la Prévert de musiciens sommés d’aller au bout de leurs idées dans l’optique d’une culture juive contemporaine.



Quiconque ignore le saxophoniste iconoclaste de l’underground New Yorkais est à l’aube d’un jour nouveau, genèse et apocalypse mêlées. Zorn compositeur est sur tous les fronts : musique contemporaine, suites sorties de dessins animés pour cocaïnomanes, hard-core avec son groupe Naked City, musiques de films et musiques autour de films (hommages à Morricone ou Godart), ou encore musique juive avec son quartet Masada.

Ce Masada Quartet, c'est une quinzaine d’albums à son actif, et surtout une télépathie de jeu invraisemblable. Le drive de Greg Cohen à la contrebasse et de Joey Baron à la batterie y offre un espace d’improvisation bicéphale ente la trompette de Dave Douglas et le sax alto de Zorn. Illustrations choisies :

Galshan témoigne de cette aisance virtuose à l’énergie irrésistible. Feulant de notes déconcertantes, le chorus de Dave D est saisissant, le public n’est pas sourd… Greg Cohen a un placement et un son de contrebasse rare, son swing et sa musicalité laissent pantois. Less is more.

Zelah serait alors plutôt le manifeste tranquille de la puissance de la section rythmique. Joey Baron remplit l’espace comme personne sans tomber dans la démonstration, quadrature du cerle réussie de ce groupe qui semble épargné de toute considération d’égo au profit d’une vraie création collective.

Ner Tamid se place dans la veine des ballades où Zorn dévoile ses qualités d'improvisateur lyrique, à l'articulation irréprochable, au service d'une musicalité magnifique : essayez seulement d'enlever une note à ses chorus ... C'est une expérience captivante que d'écouter les morceaux en privilégiant un des musiciens : c'est alors que se révèle le travail d'orfèvre, d'autant plus jouissif que Masada adore casser ses jouets.

Thèmes superbement construits, groove de malade, envolées lyriques, contre-chants surprenants, hurlements frénétiques, échappées free… ce sont là les ingrédients du succès de Masada depuis 1993.

Notez, qui plus est, que le quartet existe aussi en trio à cordes, avec Mark Feldman (violon), Erik Friedlander (violoncelle) et Greg Cohen.

Tahah révèle alors une autre personnalité des compositions de Zorn, décidément kaléidoscopiques en diable. Prêtez attention aux qualités d’improvisateur et d’instrumentiste de Feldman au violon… Il y a des chances que le bougre revienne à l’ORTF.

Enjoy.

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2 comments:

Anonymous said...

impossible que SA-RA se plante !
Le groupe a une telle palette de sons qu'il y'en aura toujours dans un album pour satisfaire tous les publics. C'est E-N-O-R-M-E !

Anonymous said...

Sauf si SA-RA marche sur les plates bandes de Zorn ;)