Alors voilà, y'a Bruno qui arrête. Il l'a officiellement annoncé : il s'est lassé et plus n'enchaîne ...
Et je dois dire que ma première réaction tient plus du soulagement que de la déception. Rien de personnel, mon cher Bruno. Ne va pas croire que je sois satisfait de voir une des vieilles gloires de mon panthéon personnel, une des figures fondatrices de ce que l'on appelle communément dans les salons parisiens mon adolescence enflammée, tirer sa révérence.
Seulement j'avais un peu - trop - peur, pour toi, du fameux syndrome du match de trop. C'était un peu comme d'imaginer Ronaldinho à 35 ans, revenu au PSG par amour pour le club, prendre un bouillon par - disons le fils de William Prunier, 100 kilos, deux pieds carrés ... Pourtant, je sentais que tu avais, sans doute, encore pas mal de choses à dire. Après la sortie du dernier album du Suprême, j'étais de ceux qui voyait des failles dans ton blouson, de ceux qui voyaient la souffrance derrière cette façade de protestation et de hargne ...
Hélas, tu n'auras sans doute pas eu la force de mettre des mots sur ces maux. Ou en tout cas trop tard. Tu n'auras sans doute pas été encouragé par la décrépitude du rap français et par les miasmes pourris de ce milieu qui voit, encore et toujours, d'un meilleur oeil le MC débile qui compte ses biyatchs plutôt que celui qui chanterait un amour mort et disparu.
Au fond, Bruno (je sais pas si je peux t'appeler Bruno en fait, mais Kool Shen, je suis désolé, ca passe plus trop - un peu comme si j'avais l'impression que tu laissais ce personnage derrière toi), c'est pas bien grave. Pas grave que Joey se soit barré en couilles et qu'il chante les gazelles sur des beats indignes. Pas grave que tes derniers morceaux en solo, mais ça n'engage que moi et beaucoup ne sont pas d'accords - heureusement - n'aient pas été à la hauteur (mais merci en tout cas pour l'effort sur le contenu, le packaging, le DVD et le reste ... puisses-tu en inspirer d'autres, tant il est agréable de constater qu'on ne se fout pas toujours de notre gueule). Pas grave le sentiment qu'on a eu de te voir passer du côté des révolutionnaires à celui de Canal +. Pas grave que tu aies annoncé ton départ chez Fogiel. Pas grave de n'avoir pas trouvé en toi le sauveur du rap français, celui qui aurait éclairé de son intransigeance, tous les travers actuels d'une musique devenue - franchement - chiante.
Parce que ta place reste, quand même, à part. Alors merci. Merci pour la claque sur Rapatitude, reçue avec Fabrice Amého en 5ème, un écouteur chacun, sur une K7 chourée à la Fnac, sur le trottoir en face du collège. Merci pour ce voyage en caisse avec mon paternel et pour son incompréhension totale du "Monde de Demain" - j'avais 13 ans et besoin que mon père ne me comprenne pas. Merci pour la révolte de "Qu'est-ce qu'on attend ?" et l'implacable "Paris sous les bombes". Merci pour "1993" et l'écho reçu par l'album dans mon lycée catho privé (tu sais, à force de chourer des K7 à la Fnac ...). Merci pour le spleen revanchard de "That's My People" et pour sa concordance avec ma petite vie à moi ...
Bonne route. Bon dernier round le 22 avril prochain au Zénith.
Et puis merci pour le Boogie Man !
Suprême NTM - Boogie Man [offline]
[from Boogie Man - 1992]
[Buy] Le single Boogie Man - sorti entre les 1er et 2ème albums du groupe - est quasiment introuvable, si ce n'est en version live. Pour le reste de la discographie du duo de St-Denis, presque tout vaut le détour ...
[Buy] Vous pouvez également essayer là ...
Et je dois dire que ma première réaction tient plus du soulagement que de la déception. Rien de personnel, mon cher Bruno. Ne va pas croire que je sois satisfait de voir une des vieilles gloires de mon panthéon personnel, une des figures fondatrices de ce que l'on appelle communément dans les salons parisiens mon adolescence enflammée, tirer sa révérence.
Seulement j'avais un peu - trop - peur, pour toi, du fameux syndrome du match de trop. C'était un peu comme d'imaginer Ronaldinho à 35 ans, revenu au PSG par amour pour le club, prendre un bouillon par - disons le fils de William Prunier, 100 kilos, deux pieds carrés ... Pourtant, je sentais que tu avais, sans doute, encore pas mal de choses à dire. Après la sortie du dernier album du Suprême, j'étais de ceux qui voyait des failles dans ton blouson, de ceux qui voyaient la souffrance derrière cette façade de protestation et de hargne ...
Hélas, tu n'auras sans doute pas eu la force de mettre des mots sur ces maux. Ou en tout cas trop tard. Tu n'auras sans doute pas été encouragé par la décrépitude du rap français et par les miasmes pourris de ce milieu qui voit, encore et toujours, d'un meilleur oeil le MC débile qui compte ses biyatchs plutôt que celui qui chanterait un amour mort et disparu.
Au fond, Bruno (je sais pas si je peux t'appeler Bruno en fait, mais Kool Shen, je suis désolé, ca passe plus trop - un peu comme si j'avais l'impression que tu laissais ce personnage derrière toi), c'est pas bien grave. Pas grave que Joey se soit barré en couilles et qu'il chante les gazelles sur des beats indignes. Pas grave que tes derniers morceaux en solo, mais ça n'engage que moi et beaucoup ne sont pas d'accords - heureusement - n'aient pas été à la hauteur (mais merci en tout cas pour l'effort sur le contenu, le packaging, le DVD et le reste ... puisses-tu en inspirer d'autres, tant il est agréable de constater qu'on ne se fout pas toujours de notre gueule). Pas grave le sentiment qu'on a eu de te voir passer du côté des révolutionnaires à celui de Canal +. Pas grave que tu aies annoncé ton départ chez Fogiel. Pas grave de n'avoir pas trouvé en toi le sauveur du rap français, celui qui aurait éclairé de son intransigeance, tous les travers actuels d'une musique devenue - franchement - chiante.
Parce que ta place reste, quand même, à part. Alors merci. Merci pour la claque sur Rapatitude, reçue avec Fabrice Amého en 5ème, un écouteur chacun, sur une K7 chourée à la Fnac, sur le trottoir en face du collège. Merci pour ce voyage en caisse avec mon paternel et pour son incompréhension totale du "Monde de Demain" - j'avais 13 ans et besoin que mon père ne me comprenne pas. Merci pour la révolte de "Qu'est-ce qu'on attend ?" et l'implacable "Paris sous les bombes". Merci pour "1993" et l'écho reçu par l'album dans mon lycée catho privé (tu sais, à force de chourer des K7 à la Fnac ...). Merci pour le spleen revanchard de "That's My People" et pour sa concordance avec ma petite vie à moi ...
Bonne route. Bon dernier round le 22 avril prochain au Zénith.
Et puis merci pour le Boogie Man !
Suprême NTM - Boogie Man [offline]
[from Boogie Man - 1992]
[Buy] Le single Boogie Man - sorti entre les 1er et 2ème albums du groupe - est quasiment introuvable, si ce n'est en version live. Pour le reste de la discographie du duo de St-Denis, presque tout vaut le détour ...
[Buy] Vous pouvez également essayer là ...
2 comments:
Un peu de provoc... Est-ce que le rap français, maintenant qu'il est sorti de son carcan misérabiliste, ne tient pas la meilleure forme qu'il ait eût depuis dix ans ? (Je pense à toute la bande de TTC et du Klub des Loosers...)
Disons en tout cas que cette musique s'est trouvé/a inventé des lignes de fuite assez nouvelles, qui lui permette de survivre au grand formatage ...
Ensuite, je suis moyennement fan de TTC et surtout pas très admiratif du Klub - ce qui n'engage que moi - mais il y a d'autres trucs intéressants qui émergent.
C'est un bon sujet, en tout cas. Je vais essayer de poster quelque chose là-dessus ...
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