March 09, 2005

Winter's nearly over, right ?

Encore de vieux messieurs pour nous aider à passer ce putain d'hiver : ceux-là nous viennent de Jamaïque, petite île célèbre pour son Bob Marley et sa production d'herbes réjouissantes, moins connue pour la violence politique et la misère qui paralyse le pays. Et surtout pour être le berceau d'une production musicale proprement hallucinante tant par sa richesse que par sa diversité.



Desmond Dekker débute en 1963 avec la chanson "Honour Your Mother And Father", enregistré par Leslie Kong (auquel il restera toujours fidèle - fait quasi-unique dans la musique jamaïcaine), dont le succès lui ouvre la voie et lui permettra d'enregistrer une multitude de hits tout au long des années 60. La recette est presque invariable : au rythme rocksteady popularisé sur l'île, il mêle un chant directement influencé par les chanteurs soul américains qu'on entend à la radio. Avec "007 (Shanty Town)", qui raconte la vie à Kingston entre les rude boys et les forces de police, c'est un début de reconnaissance internationale qui se dessine, avec un premier succès en Angleterre. Jusqu'en 1971 - date de la mort de Leslie Kong - il enfile les chansons magnifiques, de l'incompréhensible "(Poor Mi) Israelites", chanté en patois et tentant de mettre en perspective la vie à Kingston et l'ancien testament, à la reprise du "You Can Get It If You Really Want It" de Jimmy Cliff. Avec la mort de son producteur et mentor, il semble avoir perdu la recette du succès mais continue de produire des disques solides, toujours portés par cette voix unique.

Desmond Dekker - (Poor Mi) Israelites [offline]
Desmond Dekker - Unity [offline]
[from Israelites - The Best Of Desmond Dekker]

[Buy] Je vous conseille fortement le Best Of édité par Trojan Records



Ernest Ranglin
traînait au mythique Studio One dans les années 50. Son meilleur pote était assis derrière le piano et s'appelait Monty Alexander. Lui tenait la guitare. A eux deux, plus quelques autres, ils ont inventé le ska. Le virtuose est dans les années suivantes absolument partout dans la musique jamaïcaine : il pose des leads pour les Wailers, il écrit "My Boy Lollipop", il arrange la version originelle de "Rivers Of Babylon" et il tourne avec Jimmy Cliff (période pré-variété). A titre personnel, il est plus connu comme un musicien de jazz, qui n'hésite pas à s'allier avec son vieux compagnon pour une production pléthorique de pépites comme "Grooving" ou "Ska Wey Dat".

"Below The Bassline" est notamment un véritable chef d'oeuvre : le son y est organique et chaleureux, la production parfaite. On perçoit presque les sourires de ces fabuleux musiciens s'amusant comme des enfants, et pourtant cette musique n'est pas dépourvue de peines. Loin de là, comme en témoigne l'écrasante reprise du "54-46 (Was My Number)" de Toots & The Maytals. Un alliage parfait entre la grâce et la gravité, le rire et les larmes...

Enfin, lorsqu'Ernest délaisse Monty, c'est pour jammer avec Tony Allen, Courtney Pine et la chanteuse Sylvia Tella sur "Modern Answers To Old Problems". Au carrefour entre l'afrobeat, le rythm & blues, le reggae et le jazz, cet album est sans doute le plus enjoué de toute la production du maître jamaïcain. Moins subtil et moins grave que "Below The Bassline", il est par contre nettement plus entraînant et plus dansant. Une autre facette de cet étonnant guitariste...

Ernest Ranglin - Below The Bassline [offline]
[from Below The Bassline]

Ernest Ranglin - Sound Invasion [offline]
[from Modern Answers To Old Problems]

[Buy]

Enjoy!!! And expect more reggae music in the days to come ...

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