Bon. D'ordinaire, j'aime pas trop parler de musique en faisant du name-dropping. Bien au contraire, je trouve que c'est un peu le parent pauvre de l'écriture musicale. Je préfère de loin ce que fait STG : s'attacher, pour faire court, à l'émotion. La question n'est dès lors plus "comment ça sonne ?" mais "qu'est-ce que ça me fait ?". C'est plus difficile, certes. Plus valorisant, aussi. Mais plus difficile, aussi. Bref, c'est ce que j'essaie de faire, à ma modeste mesure.
Seulement voilà, je me suis livré il y a peu à deux exercices qui contredisent un peu tout ça, car oui, je est une multitude et cette multitude est pleine de contradictions même que je te les balance dans ta face :
D'abord, je viens de découvrir un jeune groupe américain qui s'appelle Ample Branches. Et dans ma petite chronique sur Ample Branches sur la blogo, je mentionne - mine de rien, en passant, looooin de moi l'idée de faire du name-dropping - Alec Ounsworth/Clap Your Hands, Otis Redding et TV on the Radio. Et ouais. Non seulement du name-dropping, mais en plus en grand écart full frontal à la JCVD.
Toujours sur la blogo, je suis bien content de mon texte sur Ola Podrida (et puis bon, soyons clairs, puisqu'on est entre nous, Ola Podrida ca défonce grave sa maman). Justement, pas de name dropping mais bien une description de ce que je ressens à l'écoute de "Run off The Road" ("C’est contre des immeubles en béton et sur de l’asphalte urbain que se réverbèrent ces complaintes. Le chant vient du Texas mais via Brooklyn, ce qui est loin d’être anodin : il dit les immensités désertiques, les paysages qui s’ouvrent vers l’horizon inatteignable, mais il les dit avec la distance des réfugiés, l’éloignement des souvenirs, la nostalgie des émigrés." Même que ouais quand je me relis, je m'aime au moins un peu). Seulement, voilà, le monsieur nous parle ensuite de morceaux qu'il aime (Bedhead, Randy Newman, le mystérieux Songs of Green Pheasant surtout) et 1. il en parle bien et 2. je dois bien convenir que ca apporte quelque chose. Malgré toute l'estime que je porte à leur musique, les filles d'Amiina sont moins passionnantes, mais leur sélection (Hanne Hukkelberg, Psapp) éclaire également assez bien leur production.
Voilà.
C'est dit. Et même écrit.
En parlant d'écrit (attention >> transition), après avoir lu la prose de mon ami Franswa (sur Strictement Confidentiel, un blog/site qu'il est vachement bien et que si j'étais courageux pour de vrai, je leur proposerais des textes mais non, je préfère me cacher derrière mes écrits sur la musique) sur "Asthmes", le premier roman de Sophie Maurer (que je connais un peu de vue, ce qui est logique vu que Franswa la connaît), j'ai lu "Asthmes", le premier roman de Sophie Maurer. Et j'ai pris une grosse claque. De la littérature conçue comme une entreprise d'orfèvrerie. J'y vois quelques limites agaçantes, notamment une volonté peut-être trop marquée de vouloir expliquer le monde (le décrire, c'est déjà bien, non ?), mais je suis un pinailleur et ... bref. Elle écrit, en plus dans le passage qui traite (au moins un peu) du militantisme :
"Lui même, il lui avait fallu du temps pour comprendre que la force de l'adversaire et le nombre ne sont rien, et que seule compte la distance entre l'ordre des choses et sa contre-proposition."Et cette phrase me gêne. Mais c'est une goutte d'eau dans la mer, ce n'est presque rien, je ne sais même pas pourquoi je fais cette fixette dessus. C'est une simple petite maladresse de premier roman. Je devrais plutôt vous parler des mots si beaux qu'elle colle sur la douleur de l'enfance, par exemple, ou sur le déracinement de ceux qui sont loin de chez eux. Je dois être con, ou idiot, ou un peu des deux.
Soyons clair : Ce texte est en toute simplicité incroyablement supérieur à la majeure partie des bouses que l'édition française nous inflige à longueur d'année. Si vous ne deviez acheter qu'un seul roman français sorti cette année, celui-ci devrait au minimum être sur la liste des nominés.
Pour revenir au début de ce billet et boucler la boucle en refaisant du name-dropping, je situe ce très beau texte entre Echenoz, les premiers Mauvignier (ceux d'avant l'indigeste tentative de nous restituer le Heysel) et ... quelque chose qui rappelle, dans ce talent pour détourner la langue vers de meilleurs lendemains, un "Méridien de Sang" allergique au western et transplanté dans le métro parisien. Quoi, je fais encore le grand écart ? Ben ouais, mais je suis souple et svelte, moi.
Moralité, le name-dropping, je sais pas très bien si c'est juste de la paresse intellectuelle ou autre chose, mais c'est quand même bien pratique. (et non, l'image ci-dessus n'a rien à voir avec rien, mais c'est Bruce Springsteen... oups, i did it again).
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