[attention, billet qui pourrait paraître sexiste à un œil non entraîné]
Il y avait une différence de taille entre les deux concerts de la semaine dernière que j'annonçais là : le sexe de leur public.
Dans le coin gauche, en chemise à fleur, les Macédoniens du Koçani Orkestar. A la fin du premier morceau, toute la salle (un peu vide, c'est finalement assez grand le cabaret sauvage) dansait. Et y'avait de la sueur jusque dans le moindre recoin. Dans le coin droit, en short de b-boy, les riot jazzers du Youngblood Brass Band. A la fin du premier morceau, toute la Maroquinerie (plutôt bondée) dansait. Et y'avait de la suée jusque sur les murs. "It's like playing a gig in a swimming pool", nous avouera le MC/batteur.
Je schématise mais dans le premier cas, c'était plutôt de l'écume de filles et dans le second plutôt de la transpiration de garçons. Pas la même moiteur.
Pour le Koçani, la gamme d'émotions est sans doute plus large : on passe en quelques clins d'œil de la fureur à la joie à la nostalgie, du diable au corps à une sensualité lascive mais plus retenue. Le son est plus plein : moins de solistes et plus, beaucoup plus, de basses. Et puis, ça sonne franchement très rom par instant, ce qui incite les filles à se la jouer espagnole et à rouler des hanches. Nous sommes bien quelques garçons, évidemment, mais on voit surtout ces dames qui répondent aux cris des cuivres avec tout leur corps, des épaules qui frétillent jusqu'aux orteils qui rebondissent sur le sol.
Rien de tout ça le lendemain : on ne roule plus des hanches, on jette le poing en l'air et on hoche la tête. Puis on saute. Et on recommence. On est pas là pour rigoler, c'est une émeute, et personne n'a de temps à perdre en circonvolutions. Notre danse est directe. On est pas qu'entre hommes, loin de là, mais on voit surtout ceux qui se pressent vers la scène et qui semblent bondir à chaque souffle du colossal joueur de tuba. Du côté de la scène, on a l'impression que le petit trompettiste lancé dans un solo infernal et qui fait face à un empilement de corps humains qui s'agite en rythme, une pyramide qui menace de s'effondrer sur lui, est en fait en train de charmer un gigantesque serpent.
Reste un point commun : les traits tirés du visage du tromboniste des Youngblood à quelques mètres de moi, le cou du clarinettiste du Koçani qui se tend horriblement. Si n'importe lequel de ces musiciens devait souffler un rien plus fort de son instrument, il le briserait en morceaux. Ou alors, nos têtes pourraient bien exploser.
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