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July 31, 2008

sweat it, brothers & sisters

[attention, billet qui pourrait paraître sexiste à un œil non entraîné]

Il y avait une différence de taille entre les deux concerts de la semaine dernière que j'annonçais : le sexe de leur public.

Dans le coin gauche, en chemise à fleur, les Macédoniens du Koçani Orkestar. A la fin du premier morceau, toute la salle (un peu vide, c'est finalement assez grand le cabaret sauvage) dansait. Et y'avait de la sueur jusque dans le moindre recoin. Dans le coin droit, en short de b-boy, les riot jazzers du Youngblood Brass Band. A la fin du premier morceau, toute la Maroquinerie (plutôt bondée) dansait. Et y'avait de la suée jusque sur les murs. "It's like playing a gig in a swimming pool", nous avouera le MC/batteur.

Je schématise mais dans le premier cas, c'était plutôt de l'écume de filles et dans le second plutôt de la transpiration de garçons. Pas la même moiteur.

Pour le Koçani, la gamme d'émotions est sans doute plus large : on passe en quelques clins d'œil de la fureur à la joie à la nostalgie, du diable au corps à une sensualité lascive mais plus retenue. Le son est plus plein : moins de solistes et plus, beaucoup plus, de basses. Et puis, ça sonne franchement très rom par instant, ce qui incite les filles à se la jouer espagnole et à rouler des hanches. Nous sommes bien quelques garçons, évidemment, mais on voit surtout ces dames qui répondent aux cris des cuivres avec tout leur corps, des épaules qui frétillent jusqu'aux orteils qui rebondissent sur le sol.

Rien de tout ça le lendemain : on ne roule plus des hanches, on jette le poing en l'air et on hoche la tête. Puis on saute. Et on recommence. On est pas là pour rigoler, c'est une émeute, et personne n'a de temps à perdre en circonvolutions. Notre danse est directe. On est pas qu'entre hommes, loin de là, mais on voit surtout ceux qui se pressent vers la scène et qui semblent bondir à chaque souffle du colossal joueur de tuba. Du côté de la scène, on a l'impression que le petit trompettiste lancé dans un solo infernal et qui fait face à un empilement de corps humains qui s'agite en rythme, une pyramide qui menace de s'effondrer sur lui, est en fait en train de charmer un gigantesque serpent.

Reste un point commun : les traits tirés du visage du tromboniste des Youngblood à quelques mètres de moi, le cou du clarinettiste du Koçani qui se tend horriblement. Si n'importe lequel de ces musiciens devait souffler un rien plus fort de son instrument, il le briserait en morceaux. Ou alors, nos têtes pourraient bien exploser.

August 06, 2007

Les saules en pleurent encore ...

Déstockage de frissons. Tous les invendus de l'année. Gratuit. A consommer sans modération (et encore, je suis poli)(mais quand même)(et ne venez pas me dire que je m'enflamme, "je" est un incendie).




Les autres vidéos de la Soirée à Emporter sont presque toutes en ligne, avec des textes de votre serviteur sur Sunday Smile (de Beirut), Weeping Willow et le Saturday de Sidi Ali. La meilleure, pas encore. :

Il faut se faire à l’idée que la joie ne dure parfois qu’à peine le temps d’une chanson. Les meilleurs d’entre nous parviennent parfois à l’entretenir toute une nuit, rarement plus longtemps, mais au final elle laisse toujours derrière elle une mélancolie douce qu’on ravive parfois. Avec laquelle il faut vivre ? Non, grâce à laquelle on peut vivre.


(et ouais, je m'autocite moi-même)
Dans la version anglaise, un très beau texte de STG sur Saturday, une contribution de Shake Your Fist (soit les deux meilleurs blogs du monde réunis sur la même page). Et une de l'amie Meg.

Surtout, allez voir les vidéos en divx sur le site plutôt que sur Daily : la qualité de l'image n'a rien à voir.

Je peux dire que je suis pas peu fier d'avoir participé à ça ? Alors je le dis. Et je dis aussi merci au héros caché de la soirée, l'ingénieux sans qui tout aurait merveilleusement foiré.



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June 01, 2007

alors, c'était comment ton concert ?



Parlons peu mais parlons bien : allez donc écouter Kissed Her Little Sister. C'est trop d'la balle de bombe qui tue.

Parlons maintenant de ma dernière obsession du moment à moi que j'ai du moment : comment écrire intelligemment sur un concert ? (Oui, je sais, chacun ses marottes) Après tout, alors que les ventes de disque ne cessent de chuter et que le concert semble devenir l'alpha et l'oméga artistique, financier et professionnel du musicien contemporain, j'ai l'impression qu'il n'existe pas de réel discours sur un concert allant au-delà du simple compte-rendu.

Comment fait-on pour dire autre chose que machin portait un pantalon rose, il avait l'air vachement content d'être là et il a joué telle et telle et telle chanson mais pas telle autre ? Ce ne sont pas les (assez) faibles et (vraiment) trop courts encarts des Inrocks qui vont parvenir à nous dire ce qu'un concert apporte, à nous décrire ce que cette expérience recouvre, les sentiments que cela procure. De la même manière que le name-dropping est un peu le fast-food de la critique musicale, il y a une ribambelle de clichés dans les comptes-rendus de concert qui ont décidément la vie dure.

(en passant, une petite démonstration de l'utilisation du cliché dans un article bien creux dans un grand quotidien qui fait n'importe quoi - tellement n'importe quoi qu'il s'aventure même dans le plagiat pur et simple : comparez donc les excellents textes de Philippe Dumez sur la solitude du téléchargeur de fond avec ça).

Un gars qui le fait très bien (la chronique de concert), c'est notre ancêtre à tous Matthew Perpetua sur son légendaire Fluxblog. Malheureusement, je n'ai pas d'autres bons exemples en tête, mais je suis sûr que ça doit exister et je suis preneur de conseils. Après tout, un bon concert par rapport à un bon disque, c'est un peu comme un Soulages d'origine par rapport à une lithographie : quelque chose dans la façon dont tous les petits reliefs ressortent et dans le rapport tout de suite plus physique à l'oeuvre, à sa matière. Etonnant donc que si peu de monde s'attaque à l'écriture de ces moments là.

Tout ça pour dire que, dévoré par l'ambition de espérant faire quelque chose qui tienne la route et comme je l'ai fait sur ces pages par le passé (notamment avec Cat Power et Loudon Wainwright), j'ai tenté la chose, à mon humble mesure, sur la Blogothèque. Et j'espère que je pourrais en faire une rubrique récurrente. Encore faut-il tomber sur les concerts où il se passe réellement quelque chose (non, je ne vise personne - voir dans les commentaires).

Ca commence par un billet sur le bon Thomas Dybdhal et la renversante Jesse Sykes (je crois bien que je suis content de ce texte), ainsi que par la bouleversante angoisse des amis de The National à la Maroquinerie.

Bon, c'est pas tout ça mais j'ai plein d'autres questions existentielles à explorer (pourquoi les romans américains sont-ils si prenants alors qu'ils sont parfois très mal écrits et inversement pourquoi ces romanciers français au language ciselé qui ne savent pas raconter une histoire ? hein pourquoooi ?), alors je vous laisse avec cette citation extraite de Dr House (Hugh Laurie, je te kiffe) :

"Une maladie qui s'attaque au cerveau, au coeur et aux testicules ? Il doit bien y avoir un poème de Byron là-dessus."


Photo par Lost Bird

November 12, 2006

In Paris

Debout, à l'avant de la scène, devant un public qui s'est unanimement levé, elle raconte l'histoire du baby-sitter de son enfance qu'elle redécouvre, à l'âge de 12 ans, pris en photographie dans Vogue, tenant la main de Grace Jones, la légende disant "In Paris". Comment elle utilisa ensuite l'argent de poche que lui donnait sa grand-mère pour acheter une broche "Paris" en toc avec de fausses perles en plastique.

20 ans plus tard, Chan Marshall vient de triompher sur la scène du Grand Rex. Triomphé des distances, triomphé de la ville lumière, à genoux devant elle. Triomphé d'elle même, qui fut longtemps - physiquement comme mentalement - incapable d'incarner sur scène les multiples promesses que l'on devinait sur ses albums successifs. La faute à une dépression chronique, à une peur viscérale de la scène et aux seuls remèdes qu'elle avait pu trouver pour y faire face.

Une question de distance, sans doute. Pour la première fois, Cat Power apparait entouré d'un large groupe, et non plus seule - ou quasiment - devant un public scrutateur. Les 11 musiciens qui l'accompagnent sont tout autant là pour donner une ampleur nouvelle à ses chansons que pour lui fournir un cocon protecteur. On y reconnait d'ailleurs vite une figure maternelle, une choriste noire aux formes plus que généreuses et à l'organe puissant, et son alter ego paternel, un guitariste grisonnant aux larges épaules et au sourire rassurant.

Mais alors, Cat Power, noyée dans tout ça ? Moins immédiate ? Moins touchante ? On pourrait presque craindre l'artifice américain dans toute sa splendeur, la machinerie parfaitement efficace qui gomme les altérités et offre un vissage professionnel mais lisse. Il apparait bien vite que ce n'est pas le cas. D'abord parce qu'elle s'abandonne totalement et virevolte avec une grâce toute particulière au milieu de ce Memphis Rythm Band. Avec humour, avec un jeu de scène aussi étrange que touchant, presque schizophrène. Empruntant tour à tour à la petite fille, à la femme voluptueuse, aux déhanchés des clips de r&b, aux pas de danse des cheerleaders et même aux danses de saloon. Ensuite parce qu'elle fait le choix de chanter seule sur scène et de se confronter une fois de plus au regard des autres, à son angoisse fondamentale. Avec courage, avec une dose de dérision, avec de plus en plus de nervosité. Les démons ne partent jamais bien loin, et au bout de quelques chansons Ms. Chan n'est sauvée d'elle-même que par le retour opportun de ses musiciens.


Reste qu'entre temps, la jeune femme un peu étrange qui tournoyait au milieu des cuivres et des violons s'est assise pour nous montrer son âme. En nous livrant son renversant "I Don't Blame You" et en nous réinterprétant au passage le "Remember Me" du grand Otis Redding. Si dans le premier registre, sa voix unique fait déjà des merveilles. Dans le second, ce mélange d'éraflures et de soleil, cette rauque chaleur recouverte d'un voile, nous emmène directement vers l'extase.

Elle finira en distribuant des fleurs au public, chantant à tue-tête des gospels a capella pendant que ses musiciens harmonisent et que le public bat la mesure. Saluant l'artiste, applaudissant sa liberté nouvelle. You are free, and we'll remember you.

Cat Power :: Remember Me
[from eMusic EP]

March 03, 2006

Not Enough Islands

Il y a quelque chose d'assez magique au Zèbre de Belleville. Une atmosphère, une proximité, un petit rien indicible qui donne souvent de très bons concerts. J'y avais vu, du temps de leur premier album les anglais de Turin Brakes, pour un très bon concert : deux concerts, deux voix, une intimité presque forcée et au final, un très bon moment.

Neal Casal y était mardi dernier, et moi aussi, dans le cadre d'un Libé Music Club organisé par les labels Fargo & Naïve. La première partie est revenue à Marie Modiano (Naïve, donc), la fille de Patrick, pour un set très déroutant : un timbre de voix charmant, de belles mélodies au piano, un univers sonore pour lequel j'aurais a priori beaucoup de sympathie ... et au final, rien. Ou si peu de choses, entre jeu de scène trop maniéré, manque de justesse sur la voix et textes en anglais plutôt pauvres. N'est pas Cat Power qui veut. C'est cependant grâce à Marie qu'on doit la découverte du grand Tristan Elgoff : ne serait-ce que pour cela, laissons lui le temps de trouver de vraies bonnes chansons. Vous pouvez vous faire une opinion en écoutant quelques titres sur le site de Naïve.

Vint ensuite Mr. Neal. Fleuron de l'americana contemporaine, compagnon de route de Ryan Adams, collaborateur de Shannon McNally, Badly Drawn Boy ou Lucinda Williams, l'homme était seul avec sa guitare face au public. On ne peut pas dire que ses chansons gagnent énormément de ce dépouillement. Je préfère pour ma part les versions orchestrées. En revanche, il permet de mettre à nu ce qui ne transparaît pas toujours immédiatement sur les disques du bonhomme : un jeu de guitare d'une précision, d'une justesse et d'une sobriété renversantes, et une voix phénoménale. Une voix de voyageur, de conteur. La voix d'un homme perturbé, qui trace sa route, qui fait avec, mais qui doit/veut dire les choses comme elles sont. qui ne peut pas les garder pour soi. Et le tout orchestré avec ce sens de la nuance qui manque à tant d'artistes : certaines notes sont étouffées, certains mots murmurés, on se retient... et puis on se lâche.

Explorant un répertoire qui représente déjà plus de 10 ans de carrière, il fait aussi bien preuve d'un sens musical instinctif que d'un caractère plutôt ombrageux. Plutôt agité tout du long, il se vexera donc à un moment du concert pour une raison incompréhensible du public, expédiant alors 3 morceaux à toute vitesse avant de se reprendre et de finir en beauté, sans amplification, sur un gospel des Consolers, déchiffré sur une cassette à l'adolescence.

En cours de route, l'ami Neal nous aura gratifié de deux reprises, dont voici les originaux. Une version apaisée (et au piano) du "It's Not Enough" qui figure sur "LAMF" (Like A Mother Fucker), le rare mais bientôt réédité premier album du proto-country-punkster Johnny Thunders, et ce qu'il considère comme la plus belle chanson du monde. Une petite pépite d'un groupe dont je n'avais jamais entendu parler : The Incredible String Band, combo anglais de folk expérimental qui a notamment joué à Woodstock. Vous allez voir, elle est pas mal du tout cette plus belle chanson du monde.

Johnny Thunders :: It's Not Enough
[from L.A.M.F.]

Incredible String Band :: Maker of Islands
[from Hard Rope & Silken Twine]

***

Le bon révérend nous gratifie d'un Bloody Come-Back Mix extrêmement bien torché. A ne pas manquer. Chez Popsheep, il y a de l'album concept avec un sacré line-up. Et Chryde a pisté un certain Sparrow House qui fera du bien à vos oreilles.

Sinon, j'ai mis une radioblog. Pour l'instant, je m'amuse avec, je verrais bien ce que j'en fais à terme. D'autres nouvelles très bientôt. Take care, everyone.

November 18, 2005

Fight the power On Ice

Replaçons les choses dans leur contexte : je suis dans le train, j'ai plus de batteries dans mon pod, j'en ai pour 3 heures, j'ai le cerveau en compote, je me fais chier. Je décide, aventureux, d'aller louer un DVD à la voiture bar.

Là, devant l'incroyable catalogue proposé, digne reflet de la diversité culturelle de la production cinématographique mondiale, j'opte pour ... "XXX : The Next Level". Oui messieurs. Avec Ice Cube, parfaitement.

Une bonne bouse avec des gros guns, des grosses voitures et des gros seins. Et dedans, un grand moment d'hilarité musicale. Alors qu'Ice, au volant d'un pick-up trop large pour circuler sur les champs élysées fonce sur ... la maison blanche (oui messieurs) avec tout son posse à bord, on reconnait subitement l'espèce d'informe magma rap-métal déversé dans nos oreilles : une reprise du mythique "Fight The Power" de Public Enemy par ... attention ... Korn featuring Xzibit (qui a un rôle dans le film d'ailleurs). Un peu comme si les Boyz 2 Men nous reprenaient un vieux Sam Cooke. Bref.

En tout état de cause, le concert de P.E. à l'Elysée-Montmartre la semaine dernière "tabassait grave", comme le déclara mon ami Mondedemerde à la sortie (faut l'excuser, il est jeune dans sa tête). Flavor Flav a trouvé dieu sans perdre son flow et il a moins de crack qui lui dégouline par les oreilles. Chuck D est resté égal à lui-même : "maintaining", comme dirait Guru, ce qui en soit est déjà un exploit. Et tous les bons vieux classiques y sont passés, du sus-mentionné "Fight The Power" à "Can't Trust It" en passant par le "Terrordome"... Je vous laisse, faut que je me fasse un p'tit fix de nostalgie.

Garrincha (en direct d'un cybercafé à 30€ les 5 heures, de retour sur la toile très prochainement)

July 26, 2005

fatigue



De notre côté, on se remet doucement. Tant de l'énergie dégagée, une fois de plus, par la clique funkadelicienne (après une intro très heavy metal et assez poussive) que de l'excellent set de la Family Stone qui a su enchaîner les classiques sans que l'on ait pour autant l'impression de voir un cover band. On se remet plus difficilement de l'horrible son que nous avait concocté pour l'occasion un ingénieur du son probablement sourd.


May 16, 2005

Un clown au Paradis

Je savais que l'homme qui enfanta Rufus et Martha était un musicien et que les deux enfants avaient grandi dans un foyer plein de notes et de sons. Sans plus. Je n'avais jamais pris la peine d'explorer plus avant la production de Loudon Wainwright III.

Il y a quelques mois, le gramophone canadien m'avait introduit à un premier morceau. Interpellé je fus, comme dirait un petit bonhomme vert qui débarque cette semaine sur nos écrans. Sous des dehors countrysant et au son d'un banjo endiablé, un homme chantait avec un entrain de cabarettier, presque en riant, en tout cas dans la joie et la bonne humeur qu'il n'était qu'un "self destructive fool". Hum. Un maniaque, en somme.



Vient ensuite un post de Moistworks (7 avril) sur la troublante Martha et dans lequel notre ami James s'employait à détailler les dynamiques à l'oeuvre dans la famille Wainwright. Visiblement, au lieu de se hurler dessus, on y composait des chansonnettes pour exprimer ses sentiments. Hum. Un gentil maniaque un peu bohème ?

Et puis, il y a quelques jours, en la belle ville d'Amsterdam, le très beau Paradisio - sis dans une ancienne église - annonçait pour le soir de mon arrivée un concert de ce monsieur. Il fallut pour y assister subir une des expériences les plus absurdes de ma vie : 45 minutes de "stand-up comedy" par un certain Dolph, le tout dans la lanque non pas de Shakespeare mais de Rembrandt et Van Basten. Imaginez une salle de grands néerlandais hilares et deux petits français stoïques en plein milieu, ne comprenant pas un traitre mot de ce qui se dit et éclusant patiemment leurs sodas sans sucre.



Bref. Débarque ensuite notre Loudon. Et là, la claque. Cet homme est un authentique clown. Comme tout clown qui se respecte, comme le meilleur bouquin de John Irving, il avance comme un funambule entre le rire et les larmes, le comique et le tragique. De "I Remember Sex" à "Overseas Call" (une merveille, sur l'album "More Love Songs"), ses chansons à texte, entrecoupées d'interludes hilarants et/ou glauques, sont tour à tour ironiques et candides, nostalgiques et rieuses, aussi mélancoliques que moqueuses. Surprenant, attachant, cet homme n'a visiblement jamais réussi à faire la paix avec lui-même, mais il en rit.

Loudon Wainwright III - The Swimming Song
[from Attempted Moustache]

Loudon Wainwright III - Absence Makes The Heart Grow Fonder
[from Career Moves]

Loudon Wainwright III - He Said, She Said
[from Career Moves]

[Buy]

May 09, 2005

ailleurs, mais en rythme

Si vous passez par Lisbonne et si vous avez envie de danser sur autre chose que les tubes électro du Lux, j'ai une adresse pour vous. A l'ouest du Barrio Alto se trouve le B.Leza, une salle boisée cachée derrière un patio ombragé et un club de sport, et spécialisé dans les musiques africaines, notamment cap-verdiennes, en provenance des anciennes colonies portugaises.



C'est là que j'ai découvert Terrakota, un improbable groupe de reggae mandingue. Pour une fois, il s'agit bel et bien de reggae africain, et non pas de reggae joué par des africains. Autrement dit, il ne s'agit pas de faire du Tiken Jah Fakoly, mais bel et bien de fusionner deux traditions musicales : la pulsation de l'île jamaïcenne et les structures rythmiques répétitives du continent. C'est un véritable arsenal de percussions, la plupart en provenance d'Afrique de l'Ouest mais certains d'origine brésilienne, qui accompagne donc la syncope du guitariste. Le mélange, qui s'emballe régulièrement dans une furieuse transe presque hypnotique, s'appuie qui plus est sur une kora tissant ses habituels motifs presque atonaux. La maîtrise des musiciens est tout simplement invraisemblable, tant ils varient les rythmes, les changements, les breaks, les accélérations dans tous les sens, en retombant systématiquement sur leurs pieds.

Les deux voies du groupe alternent les paroles en portuguais, en mandingue, en anglais, parfois en arabe et dans un maladroit français. Si le messianisme niaiseux des paroliers reggae me laisse toujours un peu froid, les harmonies vocales de ce duo sont par contre assez renversantes, notamment parce qu'elles empruntent elles aussi à plusieurs traditions musicales très différentes.



Il s'agissait pour le groupe de clore une petite tournée de promotion pour leur deuxième album, "Humus Sapiens". Nous n'étions pourtant qu'une petite cinquantaine à nous presser devant la scène, il est vrai à une heure tardive et impensable en France. Cela n'a pas empeché le groupe, pourtant crispé en début de concert, de se lâcher complètement. Une époustouflante démonstration de force percussive surmontée par le sourire (et les ondulantes hanches) de la chanteuse Romy. Pendant ce temps, les percussionistes - dont un étonnant sosie de John Bonham - ne cessaient de taper comme des fous. Et les femmes présentes de se ruer vers la scène et de danser dans un curieux ballet unisexe, pendant que les hommes en retrait oscillaient plus calmement. Avant, poussés par une force inconnue, de rejoindre leurs compagnes, au paroxysme du concert, dans une explosion de sueur et de sourire.

Moralité, Terrakota brûle les graisses inutiles. Après avoir passé la journée à monter et descendre les 7 collines de Lisbonne, on souffre ...

Terrakota - Omohumanidadecidade
[from Humus Sapiens]

[Buy]
[Read] le site officiel du groupe
[Listen] 4 morceaux et un assez bon descriptif