Quand un sous-genre musical est complètement dominé par un groupe qui réussit à être à la fois populaire (vendeur) et pointu, on peut raisonnablement penser que le terrain n'est guère propice à l'émergence de nouvelles sensations. Difficile, après tout, de faire de la surf music après les Beach Boys. Ou alors, mieux vaut laisser passer une grosse vingtaine d'années et réinventer le son CBGB en 2003 (je ne vise personne). Cette petite introduction aussi pontifiante qu'abusivement généralisatrice sert évidemment à introduire un contre-exemple flagrant.
Si je pense que le succès planétaire de gens comme Gorillaz ou The Roots fonctionne sur un cross-over réussi entre hip-hop et, tant dans la façon de construire les chansons que dans les sonorités empruntés, du bon vieux rock, il a eu un effet secondaire indésirable : pas mal de gens, maisons de disques en tête, ont pensé qu'il suffisait de rajouter un rappeur à leur chanson pour faire du tube. Alors que le mouvement vient de l'autre sens : il me semble que ce sont plutôt des gens comme Dan The Automator, Dangermouse et Questlove qui se sont intéressés au rock. Ce faisant , ils ont gardé ce qu'on appellera leurs "réflexes" hip-hop. Leurs compositions restent centrés sur le emceeing (réécoutez, si besoin est, "November has come" et surtout "All alone" sur Demon Days pour voir de quoi je parle) et leurs groupes pensent, même avec des guitares dans les mains, comme des groupes de hip-hop.
C'est ce subtil équilibre que parviennent à atteindre les New-Yorkais de Dujeous?, toujours pas signés et croulant enfin sous de trop tardifs honneurs ("unsigned hype" dans The Source en juin dernier, concerts avec Pete Rock, Pharaoh Monch, Mr Lif et Aesop Rock). Le tout sur la foi de l'excellent "City Limits", où la filiation avec les Roots de Philadelphia est évidente mais pas seule. Certains considèrent la comparaison comme trop inégale, mais le groupe est à des années lumières du "me too" (comme on dit dans le marketing). Ici on reste - à la 1032ème écoute - toujours aussi bluffé par l'évidente musicalité du groupe (voir la science de l'introduction du groupe sur "City Limits"). Et en ces temps de disette, il est plus que jamais nécessaire de supporter le emceeing extrêmement talentueux de Mas D, Mojo et Rheturik.
Comme pour tout groupe de hip-hop underground, il est difficile de tracer le parcours du groupe, qui existe depuis 1933, aurait tourné à travers la France en 2003, et dont l'album en question date déjà de mi-2004. Il existe a priori une galaxie de EPs, que je compte bien trouver.
Assez de parlotte, place au son.
Dujeous? - Just Once
Dujeous? - All MC's
Dujeous? - City Limits
[from City Limits]
Si je pense que le succès planétaire de gens comme Gorillaz ou The Roots fonctionne sur un cross-over réussi entre hip-hop et, tant dans la façon de construire les chansons que dans les sonorités empruntés, du bon vieux rock, il a eu un effet secondaire indésirable : pas mal de gens, maisons de disques en tête, ont pensé qu'il suffisait de rajouter un rappeur à leur chanson pour faire du tube. Alors que le mouvement vient de l'autre sens : il me semble que ce sont plutôt des gens comme Dan The Automator, Dangermouse et Questlove qui se sont intéressés au rock. Ce faisant , ils ont gardé ce qu'on appellera leurs "réflexes" hip-hop. Leurs compositions restent centrés sur le emceeing (réécoutez, si besoin est, "November has come" et surtout "All alone" sur Demon Days pour voir de quoi je parle) et leurs groupes pensent, même avec des guitares dans les mains, comme des groupes de hip-hop.
C'est ce subtil équilibre que parviennent à atteindre les New-Yorkais de Dujeous?, toujours pas signés et croulant enfin sous de trop tardifs honneurs ("unsigned hype" dans The Source en juin dernier, concerts avec Pete Rock, Pharaoh Monch, Mr Lif et Aesop Rock). Le tout sur la foi de l'excellent "City Limits", où la filiation avec les Roots de Philadelphia est évidente mais pas seule. Certains considèrent la comparaison comme trop inégale, mais le groupe est à des années lumières du "me too" (comme on dit dans le marketing). Ici on reste - à la 1032ème écoute - toujours aussi bluffé par l'évidente musicalité du groupe (voir la science de l'introduction du groupe sur "City Limits"). Et en ces temps de disette, il est plus que jamais nécessaire de supporter le emceeing extrêmement talentueux de Mas D, Mojo et Rheturik.
Comme pour tout groupe de hip-hop underground, il est difficile de tracer le parcours du groupe, qui existe depuis 1933, aurait tourné à travers la France en 2003, et dont l'album en question date déjà de mi-2004. Il existe a priori une galaxie de EPs, que je compte bien trouver.
Assez de parlotte, place au son.
Dujeous? - Just Once
Dujeous? - All MC's
Dujeous? - City Limits
[from City Limits]
4 comments:
On dirait du tsn version outre atlantique. Dla balle, merci de m'avoir fait découvrir.
En ce qui concerne la surf music après les Beach Boys, je recommanderais juste en passant le récent album "Cowabungiga !" des Surfin' Robots !!
En me relisant, je trouve que mon texte ne fait du tout justice à l'album ...
Tous les artistes de Wax Poetic Productions inc vous remercions pour votre article, voici un lien où vous pourrez trouver des vidéos de Dujeous?
N'ésitez pas à nous contacter pour toutes informations, projets concerts ou expositions de sculptures.
http://www.dujeous.net/
WPP Inc
Legal representative for EU:
Yann@waxpo.com
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