February 21, 2006

Brain Damage Down By the Seaside


Cela fait des années que je n'ai pas écouté Pink Floyd. Ou Led Zep. Ces groupes font partie de ces dinosaures que j'ai portés aux nues à un moment ou un autre de mon adolescence. Des groupes dont je ne méconnais pas l'importance ou le génie, dont je regrette souvent les dérives (les méga-concerts de Gilmour et sa bande pendant que Barrett sort à peine de son cottage, les featurings de Jimmy Page pour Puff Daddy). Et dont simplement je n'écoute plus que quelques morceaux ou certains albums (ah ... "Atom Heart Mother" et ses cors de chasse), souvent par pure nostalgie.

Et puis, certains artistes considèrent comme moi que ces grands ancêtres sont au coeur de leurs influences musicales et ils décident alors d'en offrir une reprise. L'occasion de revisiter un peu leurs oeuvres et de dépoussiérer leurs disques. C'est le cas ici, avec ces deux morceaux radicalement différents.

Dans le premier, les Easy Star All-Stars, soit une ribambelle de requins de studio parmi les plus redoutables de Jamaïque, s'attaquent à "Brain Damage", fleuron du "Dark Side Of The Moon" du flamand rose. Ils étirent les moments de la même façon que les petits maîtres du psychédélisme, susurrent les mots pour les rendre aussi répétitifs, oppressants et presque liturgiques. Il s'agit d'un appel mystique, un appel à la résistance peut-être, transmis en code. "The lunatic is on the grass", je répète, "the lunatic is on the grass".

La similitude s'arrête là : les Floyds étaient de jeunes gens blaffards affalés sur de moelleux coussins, entourés de jeunes femmes admiratives et trippant jusqu'au petit matin ; les All-Stars sont des reggae boys aux poumons pleins de crasse et aux voix rocailleuses, entassés dans un minuscule studio avec une fenêtre qui donne sur les collines de Jamaïque. Peut-être vieux mais pas si fatigués que ça : un rire joueur les habite et le tressautement du rock-steady, ralenti à l'extrême, les fait osciller de droite à gauche.

Easy Star All-Stars :: Brain Damage (feat. Dr. Israel)
[from Dub Side Of The Moon]

Dans le second, Tori Amos rend hommage à son pygmalion, le chevelu Robert Plant qui fut son découvreur et des années durant son mentor. Ils entremêlent donc leurs voix sur une des ballades les plus hypnotiques du Zep, "Down by the seaside". L'instrumentation est moins folle, plus dépouillée - après tout, les années 70 sont loin derrière nous - et ressemble parfois à s'y méprendre à du Nick Cave ou du PJ Harvey. Les voix sont assagies : on ne feule plus, on se retient. Plant, tout en retenue, n'est là que pour nous introduire à l'univers de sa douce protégée: une sorte de clair-obscur où les notes tiennent un temps très court avant de se briser, l'interminable ballade sur ce rivage n'ayant plus vraiment de but en dehors de l'errance. Et si leur solitude se fait par moment plus oppressante, au moins sont-ils ensemble, chacun se reposant sur l'épaule de l'autre.

Tori Amos & Robert Plant :: Down By The Seaside
[from Encomium : A Tribute To Led Zeppelin]

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Attention, évènement : Neal Casal sera le 28 février au Zèbre de Belleville, et il s'agit de la seule date française de sa tourné pour l'instant. Il s'agit malheureusement d'un concert privé, organisé par les gens de Fargo à l'occasion de la sortie prochaine de son nouvel album, "No Wish To Reminisce". Il est cependant possible de gagner des places sur le site du label en répondant à deux questions assez simples. C'est ici. D'autre part, le quotidien Libération est partenaire de l'opération et devrait lui aussi offrir des places.

La veille, ce sont d'autres poulains du label qui seront à la Maroquinerie : Lauren Hoffman et Alamo Race Track, accompagnés d'Emily loiseau (dont je suis nettement moins fan). Avec des invités surprises, d'après l'affiche. Peut-êtrer que l'ami Neal fera un tour !

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Dan de Said The Gramophone s'est lancé dans un incroyable numéro d'auto-parodie. Pour les réguliers du blog canadien, c'est hilarant. Et surtout, le morcau de Micah P. Hinson est très bien.

Une poignée de nouveaux blogs (ou pas si nouveaux que ça mais que je ne fréquentais guère jusqu'ici) : Spread The Good Word, The Civil Servant, La Cadillac, les barricades ...

Après Wilson Pickett et Jay Dee, c'est au tour de Ray Barreto, le maitre de la latin soul de nous quitter. Soul Sides, comme toujours, lui rend un hommage aussi vibrant qu'intéressant. Très didactique pour les néophytes.

Après nous avoir fait découvrir les premiers pas scéniques de Fredo Viola, Green présente Everybody Loves Irene, du trip-hop made in Jakarta sous haute influence bristolienne. J'ai à peu près les mêmes objections que lui, mais ça vaut au moins une petite écoute.

Chryde a raison : c'est affreux.

4 comments:

Anonymous said...

Merci pour ces deux morceaux, je ne connaissais pas "Down By The Sea Side" avec Tori Amos. ;-)

Easy All Stars, je connaissais, c'est du top, en revanche, ça viens de chez moi, où le morceau est "quelque peu" amputé ??

Garrincha said...

Le CD est mixé, tout simplement ...

Reverend Frost said...

Merci pour le lien !

Garrincha said...

De rien. Ton blog est vraiment excellent, et pour le coup, on parle vraiment de "raretés" !