Ce qui me gêne avec les versions postérieures à celle de Cohen, c'est qu'elles sont quand même très appauvries dans l'ensemble par rapport à ce que lui a voulu faire. J'aime beaucoup, beaucoup les versions de Cale et Buckley mais elles sont (un peu dans le cas de Cale, beaucoup dans celui de Buckley) uni-dimensionnelles. Je ne parle même pas des centaines et des centaines d'autres contrefaçons qui circulent sur le marché.
A les entendre, on a (et c'est encore plus vrai pour la version de Rufus Wainwright par exemple) l'impression qu'Hallelujah n'est qu'une chanson triste. C'est d'ailleurs comme ça qu'elle est en général utilisée : il suffit de voir comment toute série TV qui se respecte (au hasard : l'épisode de The West Wing dans lequel le garde du corps de CJ Cregg meurt) illustre ses grands moments poignants avec Hallelujah. La version de Cohen, de ce point de vue, est quand même beaucoup plus complexe. La gamme d'émotions qu'il explore et qu'il transmets est sans commune mesure. Il y a de la jouissance, de la hargne, du sexe, de l'extase, de l'ironie - beaucoup d'ironie (you don't really care for music, do you?) dans son Hallelujah. C'est dommage de ne s'arrêter qu'à la tristesse... mais c'est probablement plus facile pour en faire un objet culturel populaire, qui soit immédiatement accessible et reconnaissable.
Je retrouve un excellent papier sur le sujet :
Where Cohen says "It's not a complaint," Cale says "it's not a cry." Cohen's "It's not the laughter of somebody who's seen the light" becomes just "It's not somebody who's seen the light." And finally, "It's a very lonely Halellujah" becomes "it's a broken Hallelujah." (Clap Clap)Alors, d'accord, l'orchestration originelle n'est pas aussi dépouillée ou belle que celle de Cale et Buckley, elle enchaîne même les fautes de goût... Mais moi, je reste dans le camp du vieux Leo (en ignorant soigneusement la version album). Et il faudrait qu'un jour on exhume les vidéos de Zach Condon à la Flèche d'Or se pliant à l'exercice...
3 comments:
Ah mais la version de John Cale n'est pas triste du tout... c'est le fait qu'il utilise d'autres couplets que Cohen qui fait peut être penser ça. Après, heureusement qu'on ne juge pas les chansons par l'utilisation qui en est faite à la télé ou au ciné parce que je pourrais bazarder quelques uns de mes disques préférés :-)
Evidemment. Le nombre de bonnes chansons qui passent dans cette bouse de Grey's Anatomy... Mais ça veut quand même dire quelque chose sur la façon dont une chanson est généralement reçue.
Et ma critique vaut beaucoup plus pour Buckley et Rufus Wainwright que pour Cale, c'est vrai. Mais quand même, il ne fait pas qu'ajouter des couplets, il change un peu le texte (cf. citation) et puis c'est surtout une question d'expression : je perçois beaucoup plus l'ironie chez Cohen que chez lui...
En fait Cale a demandé à Cohen les paroles de la chanson et Cohen lui a envoyé tous les couplets qu'il avait écrit et il y en avait un paquet. Cale a fait le tri, mais ce sont les mots de Cohen.
La version live de Cohen de 94 est très différente d'ailleurs au niveau des paroles.
Pour l'ironie je suis d'accord, Cohen is ze best.
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