Si vous passez par Lisbonne et si vous avez envie de danser sur autre chose que les tubes électro du Lux, j'ai une adresse pour vous. A l'ouest du Barrio Alto se trouve le B.Leza, une salle boisée cachée derrière un patio ombragé et un club de sport, et spécialisé dans les musiques africaines, notamment cap-verdiennes, en provenance des anciennes colonies portugaises.
C'est là que j'ai découvert Terrakota, un improbable groupe de reggae mandingue. Pour une fois, il s'agit bel et bien de reggae africain, et non pas de reggae joué par des africains. Autrement dit, il ne s'agit pas de faire du Tiken Jah Fakoly, mais bel et bien de fusionner deux traditions musicales : la pulsation de l'île jamaïcenne et les structures rythmiques répétitives du continent. C'est un véritable arsenal de percussions, la plupart en provenance d'Afrique de l'Ouest mais certains d'origine brésilienne, qui accompagne donc la syncope du guitariste. Le mélange, qui s'emballe régulièrement dans une furieuse transe presque hypnotique, s'appuie qui plus est sur une kora tissant ses habituels motifs presque atonaux. La maîtrise des musiciens est tout simplement invraisemblable, tant ils varient les rythmes, les changements, les breaks, les accélérations dans tous les sens, en retombant systématiquement sur leurs pieds.
Les deux voies du groupe alternent les paroles en portuguais, en mandingue, en anglais, parfois en arabe et dans un maladroit français. Si le messianisme niaiseux des paroliers reggae me laisse toujours un peu froid, les harmonies vocales de ce duo sont par contre assez renversantes, notamment parce qu'elles empruntent elles aussi à plusieurs traditions musicales très différentes.
Il s'agissait pour le groupe de clore une petite tournée de promotion pour leur deuxième album, "Humus Sapiens". Nous n'étions pourtant qu'une petite cinquantaine à nous presser devant la scène, il est vrai à une heure tardive et impensable en France. Cela n'a pas empeché le groupe, pourtant crispé en début de concert, de se lâcher complètement. Une époustouflante démonstration de force percussive surmontée par le sourire (et les ondulantes hanches) de la chanteuse Romy. Pendant ce temps, les percussionistes - dont un étonnant sosie de John Bonham - ne cessaient de taper comme des fous. Et les femmes présentes de se ruer vers la scène et de danser dans un curieux ballet unisexe, pendant que les hommes en retrait oscillaient plus calmement. Avant, poussés par une force inconnue, de rejoindre leurs compagnes, au paroxysme du concert, dans une explosion de sueur et de sourire.
Moralité, Terrakota brûle les graisses inutiles. Après avoir passé la journée à monter et descendre les 7 collines de Lisbonne, on souffre ...
Terrakota - Omohumanidadecidade
[from Humus Sapiens]
[Buy]
Terrakota - Omohumanidadecidade
[from Humus Sapiens]
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2 comments:
Les oreilles en or d'ORTF, qui sait dire (faire Verbe) ce qu'on entend, alors qu'on ne sait pas l'exprimer soi-même (peut-être comme mes modestes lunettes essaient de dire ce que l'on voit). C'était un superbe concert!
TERRAKOTA c génial!!! moi jsui une fan depuis presque 2 ans et je l'es est vu une fois au festival do avante a lisbonne!!!
les cuisiniers de la musiques ilmélangent tous pour notre plu gran plaisir!!!!
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