May 16, 2005

Un clown au Paradis

Je savais que l'homme qui enfanta Rufus et Martha était un musicien et que les deux enfants avaient grandi dans un foyer plein de notes et de sons. Sans plus. Je n'avais jamais pris la peine d'explorer plus avant la production de Loudon Wainwright III.

Il y a quelques mois, le gramophone canadien m'avait introduit à un premier morceau. Interpellé je fus, comme dirait un petit bonhomme vert qui débarque cette semaine sur nos écrans. Sous des dehors countrysant et au son d'un banjo endiablé, un homme chantait avec un entrain de cabarettier, presque en riant, en tout cas dans la joie et la bonne humeur qu'il n'était qu'un "self destructive fool". Hum. Un maniaque, en somme.



Vient ensuite un post de Moistworks (7 avril) sur la troublante Martha et dans lequel notre ami James s'employait à détailler les dynamiques à l'oeuvre dans la famille Wainwright. Visiblement, au lieu de se hurler dessus, on y composait des chansonnettes pour exprimer ses sentiments. Hum. Un gentil maniaque un peu bohème ?

Et puis, il y a quelques jours, en la belle ville d'Amsterdam, le très beau Paradisio - sis dans une ancienne église - annonçait pour le soir de mon arrivée un concert de ce monsieur. Il fallut pour y assister subir une des expériences les plus absurdes de ma vie : 45 minutes de "stand-up comedy" par un certain Dolph, le tout dans la lanque non pas de Shakespeare mais de Rembrandt et Van Basten. Imaginez une salle de grands néerlandais hilares et deux petits français stoïques en plein milieu, ne comprenant pas un traitre mot de ce qui se dit et éclusant patiemment leurs sodas sans sucre.



Bref. Débarque ensuite notre Loudon. Et là, la claque. Cet homme est un authentique clown. Comme tout clown qui se respecte, comme le meilleur bouquin de John Irving, il avance comme un funambule entre le rire et les larmes, le comique et le tragique. De "I Remember Sex" à "Overseas Call" (une merveille, sur l'album "More Love Songs"), ses chansons à texte, entrecoupées d'interludes hilarants et/ou glauques, sont tour à tour ironiques et candides, nostalgiques et rieuses, aussi mélancoliques que moqueuses. Surprenant, attachant, cet homme n'a visiblement jamais réussi à faire la paix avec lui-même, mais il en rit.

Loudon Wainwright III - The Swimming Song
[from Attempted Moustache]

Loudon Wainwright III - Absence Makes The Heart Grow Fonder
[from Career Moves]

Loudon Wainwright III - He Said, She Said
[from Career Moves]

[Buy]

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